Maniaque

Maniaque ? Certes. Mais fier de l’être. Leroy (a prononcé Liroy) n’a jamais aimé la saleté. Et ce, que ce fut sur le sol, dans sa maison, sur ses vêtements ou sur sa peau. Une maniaquerie mal placée quand on sait que son pouvoir le fait toujours saigner abondamment. Mais on ne change pas un homme, aussi jeune soit-il quand celui-ci n’écoute personne, n’est-ce pas ? Leroy adore prendre des bains, alors ce n’est pas un problème pour lui. Mais, inutile de parler de ses goûts avant même de l’avoir vu. Retrouvons le…

C’est ce garçon, là, habillé comme un marié. Avec cette cravate noire. Et non, ce n’était pas un adulte, il n’avait que dix-sept ans. S’il se dirigeait de ce pas pressé et insistant c’est qu’il venait juste de faire une heure de sport suivit d’une heure d’entraînement. Autrement dit, sueur et sang suintaient sur son corps. Donc il n’avait qu’une obsession, se laver le plus rapidement possible. Heureusement qu’ils avaient eu la bonne idée de mettre la salle d’entraînement et la salle de bain dans la même aile. Son pas résonnait sèchement sur le sol. Quelques élèves le regardèrent et lui sourirent, d’autres baissèrent la tête quand il leur jetait un regard teinté d’indifférence. Les plus stupides lui lançait un bonjour qui n’avait jamais d’échos. Et si certains étaient assez crédules pour penser que le sourire sur son visage était un sourire de gentillesse à leur adresse, ils se trompaient lourdement. Il souriait à l’idée qu’on puisse le craindre et le respecter. Il aimait ça. Bien sûr, il préférait quand on lui tenait tête, ça avait beaucoup plus d’intérêt, mais qui n’aime pas qu’on le « vénère » ? Il salua un professeur qui, comme beaucoup, ne résistait pas à sa gueule d’ange. Tous de vrai crédule, c’était assez jouissif.

Leroy ne se souvenait pas d’avoir fréquenté déjà autant de monde. Plus il y réfléchissait, plus il lui semblait qu’il y avait ici plus de mon qu’il n’y en avait jamais eu dans son village natal. De plus, après les années qu’il avait passées cloîtré chez lui, tout ça lui paraissait fort étrange. Mais il ne se laissait pas troubler. La seule chose qui le gênait vraiment, c’était la saleté, et la perte de ses murs blancs. Vraiment, tout ça était très… ennuyeux. Il ne connaissait que la beauté du blanc, que la propreté, et se retrouver dans un monde sale et sombre avait le don de l’irriter. Les premiers jours avaient été particulièrement difficiles, et il avait souvent passé sa mauvaise humeur sur un gamin trop stupide pour venir lui parler. Le niveau intellectuel n’était pas celui qu’on lui avait promis. C’était décevant. Heureusement, les professeurs avaient su lui donner l’envie d’étudier. Ils l’avaient motivé pour qu’il apprenne à contrôler son don. Plus ça allait, plus il sentait qu’il allait découvrir quelque chose de… nouveau. Peut-être le secret de la multiplication osseuse sans calcium. Non probablement pas, c’était tellement improbable.

Un sourire flotta devant son visage lorsqu’il pivota dans le couloir menant à la salle d’eau. L’odeur de la chaleur lourde avait un effet particulier sur lui. Il adorait ça. Les douches… Un moment de pure détente. Il allait commencer par se doucher, pour se décrasser, puis il prendrait un bain, pour la détente. Il aimait profiter du temps qui lui était donné. D’ailleurs, il procédait presque toujours ainsi. C’était une sorte de rituel.

L’extracteur d’os poussa la porte qui menait aux douches. Il s’étira. Quelqu’un était en train de se doucher, l’eau faisait entendre son râle en claquant sur le sol carrelé. Il passa une langue sur ses lèvres et se déchaussa pour accéder en toute sûreté aux vestiaires. Même s’il allait les laver, il ne voulait pas de chaussettes mouillées. Il entreprit de poser son linge propre plié sur le banc, tandis qu’il enlevait ses vêtements pour les pliés dans le sac. Un fois nu, il ferma son sac, déposa le longe propre par-dessus, et une serviette nouée autour de la taille, prit le chemin des douches. Il déposa la serviette loin des éclaboussures et fit couler l’eau. D’abord, il eu l’impression qu’elle ne coulait pas, le sang sec faisant carapace. Puis elle commença à lui brûler la peau avant de devenir un liquide purificateur à bonne température. Leroy adorait se laver les cheveux. La sensation de l’eau sur le visage… Les doigts qui frottaient le cuir chevelu. Une pure extase. Il se mordit la langue et, comme pour ajouter à son plaisir, il laissa un os lui transpercé le dos. La douleur l’envahit comme une vieille amie. Ses reins se cambrèrent. L’eau sur le sol se teinta de rouge. Il se mordit les lèvres profondément pour ne pas gémir. Il ne savait pas se retenir. Amoureux de cette extase. Heureux prisonnier de la douleur. L’eau dans la cabine d’à-côté s’arrêta. Il entendit la porte s’ouvrir. Il continua à se doucher, frottant chaque parcelle de peau pour éliminer le plus gros avant le bain. Une fois sûr de sa propreté, il attrapa sa serviette et le remit autour de sa taille.

Hors de la douche, il faisait plus frais. C’était se froid lui mordant la peau qu’il aimait aussi. Que serait une douche si on ne se gelait pas après s’être noyé dans la chaleur ? Il sourit inconsciemment, sans faire attention à ce qui l’entourait. Il était heureux, lorsqu’il se sentait en pleine possession de ses moyens…

C'est exactement à cette heure là qu'Anita aimait se détendre dans les douches. Il n'y avait généralement peu de monde, voir personne et elle pouvait prendre tout son temps et toutes ses aises. C'est ainsi qu'elle rentra discrètement, comme à son habitude dans l'immense salle de bain, serviette et trousse de toilette sous le bras. Déposant tout son petit foutoir sur le banc, la jeune femme se déshabilla, ignorant encore et malgré elle la fraicheure des douches pour ensuite se glisser sous l'eau chaude. Ses cheveux rouges flamboyant remontés sur la nuque, elle s'adossa contre le mur froid pour mieux se délecter de cette sensation enveloppante de bien être. Elle monta un peu plus la température de l'eau. Elle en ressortirait avec quelques rougeurs mais qu'importe ! Ce n'était qu'éphémère.

Depuis que Julia était partie, voilà maintenant un peu plus de deux ans qu'elle avait pris cette habitude. Julia avait été sa soupape pendant une partie de sa scolarité a Evolution. Maintenant qu'elle n'était plus là, Anita avait du trouver autre chose pour ne pas exploser. Et ce petit moment de plaisir en faisait partie. Outre le fait de fuir pendant un temps toute l'effervescence de l'école, tout le bruit, les jérémiades, les cours, l'eau qui coulait le long de son corps semblait également emportée avec elle l'angoisse qui depuis quelque mois, naissait insidieusement au fond de ses entrailles. Une chose désagréable a laquelle elle ne trouvait pas encore d'explications concrètes.

Une chose était pourtant sur. Cela concernait son avenir. Anita arrivait à la fin de ses études à l'Evolution High School. Si jusqu'ici, son esprit ne s'était pas projeté au delà de sa septième années, justement par peur, de ne plus voir des visages qu'elle connaissait et qui avait quitté l'école lui avait fait penser à son propre départ. Au delà de l'enceinte du bâtiment, elle n'avait rien. Plus personne ne pouvait l'attendre, pas d'endroit où aller, pas de réel projet non plus qui pourrait la guider. Juste un peu d'argent mis de côté.

Si. Peut être la danse était une vague piste. Trop vague pour qu'elle rassure la jeune femme. A vrai dire, elle s'interdisait inconsciemment de s'attacher a cette idée. Elle savait le monde de la danse sans pitié. Si elle voulait réussir elle devait être la meilleure et cela ne passait pas uniquement par une volonté a toute épreuve, mais également par une bonne formation. Et qui dit bonne formation, dit argent. Ce qu'elle n'avait pas forcément en abondance. Alors au lieu de s'y accrocher comme une dingue, elle préférait ne pas y penser pour ne pas ressentir l'horrible sensation de déception, de frustration et de tristesse. Elle avait trop donné dans ce domaine là.

Rouvrant les yeux qu'elle ne s'était pas sentie fermer, elle s'aperçut qu'elle avait fini par se laisser glisser le long du mur pour se retrouver assise au fond de la douche, calée entre deux parois. Bon sang ! Si elle se laissait aller à de tels états d'âme, elle n'osait pas imaginer le temps qu'il allait faire pour le reste de la journée sur l'école ! Elle se releva alors rapidement, se passa de l'eau sur le visage, fronçant un peu le nez en sentant l'eau brulante sur ses joues et finit de se laver. Elle s'en sortirait. Elle s'en sortait toujours ...
Anita coupa l'eau, comprenant alors qu'elle n'était finalement plus toute seule dans les douches. Tant pis, le plaisir de se balader nue serait pour une autre fois ! S'essuyant rapidement, elle enroula la serviette autour d'elle avant de pousser la porte de la douche. Rituel oblige, les dents y passaient aussi ! En fouillant dans sa trousse de toilette, elle s'aperçut que son vieux baladeur y trainait. C'est donc quelques minutes plus tard que les écouteurs dans les oreilles, Anita entreprit de se brosser les dents. La musique diffusée était, à sa surprise un morceaux de salsa. Rare était ce genre de musique dans son répertoire, mais après tout ... Ca ne l'empêcha pas de faire quelques pas de cette danse, mine de rien, presque par réflexe. Se laissant emporter par le rythme, ses pas se firent plus précis jusqu'à ce qu'elle se retourne assez violemment pour se retrouver face au deuxième colocataire, jusqu'à lors inconnu, des lieux.

Sa brosse à dent dans la bouche, son baladeur dans l'autre, elle dévisagea sans réel gêne le jeune homme. La surprise, du sans doute au fait qu'elle ne s'attendait pas le voir apparaître tout de suite, maintenant, là, lui écarquillant les yeux. Se rendant compte au bout de quelques instants qu'elle le fixait droit dans les yeux, chose qui lui arrivait peu, elle se mit à rougir légèrement et baissa ses yeux. Réaction d'autant plus accentuée, que le jeune homme en question avait quelque chose d'impressionnant. Non. Effrayant.

"Bonjour ..." Fut tout ce qu'elle trouva à dire, mot étouffé par la brosse et le dentifrice

Rouge. Couleur du sang. Couleur symbolisant la chaleur, la souffrance et la violence. Couleur bien trop connue de certains, et trop peu d'autres. Une couleur polémique, si l'on peut dire. Il arrivait à Leroy de penser que cette couleur de feu n’existait que pour le narguer un peu plus. Le sang… Il était né, comme tout enfant, légèrement tâché de sang. Il avait connu dans son enfance des blessures physiques qui saignaient. Puis son père était mort d’une maladie qui lui avait fait cracher du sang. Et lui, aujourd’hui, possédait un pouvoir qui nécessitait qu’il verse du sang. Tout ceci était vraiment une pensée stupide. Une couleur ne pouvait pas symboliser tant de malheur, l’amour était représenté par un cœur rouge. Mais tout de même… est-ce si stupide de ne pas apprécier une couleur pour ses connotations avec notre vie ? Leroy secoua mentalement la tête pour chasser toutes ses idées incongrues. Se prendre la tête pour ça n’avait vraiment aucun intérêt. Autant se concentrer sur ce qui l’entourait…

Une jeune fille à la chevelure rouge se brossait les dents, enchaînant quelques pas de danse. Rouge… décidément, tout ceci était… agaçant. Mais il était fort possible que son subconscient lui ait apporté une réflexion sur la couleur simplement à cause de cette fille. Devait-il s’en méfier ? Probablement pas. Bien que plus âgée que lui, elle ne semblait vraiment pas dangereuse. A dire vrai, elle semblait même plutôt… stupide. Non pas que Leroy n’aimât pas la danse, bien au contraire, mais il n’aimait pas ce genre de personne capable de s’enfermer dans un pseudo monde sans importance. Peut-être jugeait-il hâtivement… ou peut-être pas.

Après l’avoir ignoré superbement, il eu la mauvaise surprise de devoir aller vers les lavabos. Il avait touché un des bancs et une saleté s’était collée sur son doigt. Il fallait qu’il l’enlève avant d’aller dans les bains. Il s’approcha donc de la jeune fille qui ne l’avait toujours pas calculé quand celle-ci trouva le moyen de se retourner brusquement. Elle le fixa dans les yeux pendant quelques minutes, les siens ronds comme des soucoupes, l’air… bête. Lorsqu’elle eut un semblant de bonne manière et arrêta cette… fixette, elle se mit à rougir et baissa la tête. Pour une banalité, celle qu’elle trouva à dire était placée dans le top cinq. « Bonjour »… Un mot à moitié craché, parce que l’articulation n’est pas au top la bouche pleine. Par pure politesse, le garçon répondit :

« Tu as de la bave sur le menton. »

La voix était assez froide. Le ton était plutôt neutre. Il ne supportait pas qu’on puisse conserver du dentifrice dans la bouche jusqu’à ce que ça déborde. Pour lui, cracher dans le lavabo quand il y en avait trop était l’évidence même. Le jour où un de ses imbéciles s’étoufferait dans sa bave serait un jour où le destin aura enfin donné une leçon aux gens. D’ailleurs, presque pour montrer son mépris, il l’avait directement tutoyée. Evidemment, si elle n’avait aucune connaissance des bonnes manières, elle n’y verrait qu’une marque de camaraderie, et s’empresserait de faire de même. C’était très… basique.

Leroy s’approcha d’un lavabo libre, lança le jet, et se rinça les mains. Il éprouvait à chaque fois une intense satisfaction. Sa serviette toujours bien nouée, il fit un sourire vide à la jeune fille et alla prendre son journal dans son sac. Il écrivit quelques mots, brefs :

« La fille aux cheveux rouges semble perdue. Regard vite. Attitude familière. Dévisage longuement. Rougit facilement. Probabilité d’autres contacts. »

L’extracteur d’os passa une main dans ses cheveux. Maintenant, il savait pourquoi il lui était impossible d’aimer une femme. Mise à part ce corps qu’il n’aurait pu toucher car sa mère avait le même, il ne supportait pas leurs petites manies. De plus, rares étaient celles qui portaient les robes qu’elles avaient la chance d’être en droit de porter. Sa mère en portait toujours. Des superbes, soit dit en passant. Cette fille ne semblait pas pouvoir lui apporter quelque chose. Mais qui savait ? Les gens réservent parfois bien des surprises…

La phrase tombée, Anita s'empressa d'éviter de baver partout en mettant sa main devant sa bouche et bafouilla un "Ah, pardon !". Elle finit par se laver les dents correctement et dans sa précipitation lâcha son vieux baladeur dans le lavabo, le robinet coulant toujours. Quelques injures plus tard, toujours aussi incompréhensibles, elle sortie enfin la tête du lavabo. Son baladeur marchait toujours. Ce truc là était incassable. C'était sa mère qui lui avait offert. Alors autant dire que ce petit objet qui ne ressemblait plus à grand chose, avait toute l'affection d'Anita. Mais ça ne lui empêchait pas de chuter et de recevoir des coups. Faut dire que la jeune femme pouvait se montrer un vrai désastre ambulant en enchainant les gaffes. Depuis toute petite déjà. A croire que c'était inscrit dans ses gènes.

Quoi qu'il en soit, c'est avec un plus grand sourire qu'Anita se retourna vers le jeune homme. Le peu qu'ils avaient échangé et de ce qu'elle avait pu observer, il semblait plutôt froid. A vrai dire, complètement glacial et dédaigneux. Même son pseudo sourire qu'il lui adressa, paraissait faux et sans réel sentiment. Elle n'arrivait pas à lui donner un âge. Il était pratiquement sur qu'il était plus jeune qu'elle. Mais sa silhouette, ses gestes, son visage la faisait fortement douté. Alors lorsqu'elle le vit du coin de l'oeil tandis qu'elle rangeait ses affaires, gribouiller elle ne savait trop quoi sur un carnet, c'est sans difficulté qu'elle classa cet élève dans la catégorie "bizarrerie". Depuis qu'elle était à l'école, elle en avait vu des choses étranges, des gens étranges, des pouvoirs étranges, mais il fallait bien avouer que celui là se plaçait directement dans le top 3.

"Désolée, tu m'as surprise... "

Quelques mots d'excuses. Bien qu'elle n'ait pas été gênée par sa propre étourderie. L'habitude, certainement ... C'était surtout pour continuer le contacte. Parce qu'elle avait l'impression que ça n'allait pas être lui qui jouerait le plus bavard des deux.

Elle finit de ranger, un léger sourire sur ses lèvres. Tout cela l'amusait. Les personnes insolites l'amusaient et dans ce cas présent, on pouvait dire qu'elle était tombée sur la pactole. Elle ne se demandait jamais si les autres l'appréciait. Elle s'en moquait. Tout ce qui comptait pour elle était que les autres l'intéressent. A partir de là, elle pouvait vite devenir très curieuse, butée, un peu pot de colle, bavarde ... Bref, énervante.

"D'habitude il n'y a personne. C'est pour ça que j'en profite. C'est toujours mieux que d'avoir quinze personnes derrière soit qui attendent que tu libères la douche, non ?"

Anita s'était assise sur le banc, à côté du jeune homme. Sa brosse en mains, elle commença alors a démêler distraitement ses cheveux qui commençaient a boucler à cause de l'humidité ambiante. Saloperie ...

"Je m'appelle Anita ..." Dit elle de façon neutre.

Elle jeta un regard en biais à son interlocuteur, avant d'adopter un petit sourire amusé et de hausser les épaules.

"Tu devrais peut être marquer ça sur ton carnet, on sait jamais ..."

C'était kif-kif. Soit ce journal lui faisait office de bloc note, soit c'était tout autre chose. Cependant, de l'avoir vu le sortir dans de telles circonstances, a savoir dans des douches, juste après qu'elle lui soit pratiquement rentrée dedans, Anita penchait pour la première solution. Sinon ... tant pis ! Elle trouverais autre chose pour savoir ce qu'il faisait avec ça dans les mains.

En quelques minutes, la fille avait réussit à parler autant qu’un bébé pleure dans une journée. D’abord une excuse des… baveuse, dirais-je, puis des injures très crues avant d’entrer dans ce qu’on pourrait appeler un bavardage mineur précédé d’autres excuses. Les mots… Quelle était l’importance des mots pour Leroy ? Un mot n’avait pas de limite. Il se souvenait avoir un jour lu que les mots étaient une composante du pouvoir de la langue. Chacun possédait le pouvoir des dents et de la langue, à divers degrés. Les dents mordent, c’est la force brute, directe, parallèlement, la langue feule, c’est à la fois une arme de défense massive et de destruction. Les mots peuvent parfois faire bien plus mal que les poings. Voilà une base. Mais l’un des proverbes favoris du garçon était « Si la parole est d’argent, le silence est d’or.». Autrement dit, il n’aimait pas réellement qu’on lui caquette dans les oreilles.

De nature ordonnée, il ne supportait pas non plus qu’on s’approche trop près de ses affaires. Pourtant, il ne protesta pas quand la jeune fille s’assis sur le même banc. Elle semblait avoir envie de « nouer contact ». Quelle étrange habitude que celle-là. Quand Diable avait-on créé la sociabilité. Quelle stupidité !

"Désolée, tu m'as surprise... "

« Je ne vois pas quel besoin tu éprouves à toujours t’excuser. Je crois que tu l’as fait précédemment, entre deux éclaboussures de dentifrice. »

Une fois de plus, notons la douceur des mots dans la bouche d’un être qui a passé la majorité de sa vie seul. Il trouvait cette fille tellement… maladroite. Faire tomber son MP3 dans un lavabo… Rien que le fait de se brosser les dents en dansant avec un MP3 était proche de l’inconscience. Mais de là à l’échapper. Il était probable qu’elle fut soit stupide, soit désordonnée. Elle ne devait pas réellement aimer cet objet pour en prendre si peu soin. Mais quelle importance, penser à quelque chose de passé quand elle enchaînait déjà avec la suite.

"D'habitude il n'y a personne. C'est pour ça que j'en profite. C'est toujours mieux que d'avoir quinze personnes derrière soi qui attendent que tu libères la douche, non ?"

« Autrement dit, tu as l’habitude de t’approprier les lieux dans ce créneau horaire et je dois en conclure soit que ma présence est effrayante, soit que je te gène, c’est à peu près ça ? Attendu que je ne te gène pas puisqu’en rien tu as du t’empressée de terminer ta douche, il est probable que ma présence effraie les jeunes demoiselles. »

Ce n’était pas pour le plaisir d’être désagréable. Pourtant, ça y ressemblait à s’y méprendre. Retourner les phrases des gens contre eux-mêmes n’était certes pas très correct, mais on ne refait pas les êtres comme Leroy. Toutefois, même si pendant quelques instants il regretta son amertume, tout ceci lui passa très rapidement avec ce qui s’en suivit. La jeune fille devait avoir un don réel pour se mêler de ce qui ne la regardait pas, et, par conséquent, avoir des contacts plein d’animosité avec certaines personnes :

" Je m'appelle Anita ... Tu devrais peut être marquer ça sur ton carnet, on sait jamais ..."

« Je pense facilement pouvoir retenir un prénom aussi simple comme celui d’Anita. Ton prénom est un dérivé de celui hébraïque Hannah. C’est aussi le diminutif de Anne qui vient de « grâce ». Anne était la mère de Marie, la Sainte vierge. Quant à mon carnet, je doute que tu saches ce qui se trouve à l’intérieur, ni la réelle raison pour laquelle je l’ai ouvert. Mais bien sûr, ta bonne éducation ne t’empêche pas de paraître effrontée lorsque tu trouves un garçon plus jeune que toi. Je comprends parfaitement cet état d’esprit. Probablement que ton âge te donne tous les droits vis-à-vis des plus jeunes. Donner une information pour en recevoir une autre est réellement très vulgaire. Alors je vais te donner une information basique, celle qu’on répond normalement, si l’on oublie ta remarque. Je me prénom Leroy. »

Il se leva doucement, sans se presser, et sortit de son sac LE fameux carnet. La page n’était pas la première. Toute une série d’autres indictions étaient écrites. Le feuillet détachable sur lequel il avait noté des mots vis-à-vis de la jeune femme était à la dernière page. Il le lui tendit, et déclara d’une voix trop douce pour être sincère :

« J’ai l’ambition d’écrire un livre. Comme tu le vois, tu m’avais simplement inspiré un autre personnage. Evidemment, tu me l’as inspirée, ce n’est pas exactement toi. La prochaine fois, tu te contenteras d’une question, plutôt que de paraître mal élevée. »

Tout ceci n’était que pure mauvaise foi. Evidemment, il écrivait un bouquin dans un livre à feuillet. Mais le feuillet qu’il venait de faire était réellement pour son journal intime. Qui ressemblait plus à un classeur intime en réalité. Mais tout ceci n’avait pas son importance. Il détestait qu’on se mêle de ses affaires, et il avait la profonde envie d’égorger la jeune fille. Si seulement il n’était pas dans cette école de primates…

"Je le fais juste plus clairement. Et pardon pour les éclaboussures ... Enfin, non... Bon ..."

Anita continua de se brosser les cheveux, un peu plus nerveusement que précédemment. Qu'est ce que ça pouvait lui faire qu'elle s'excuse ? Il venait de le dire, elle l'avait malencontreusement éclaboussé de dentifrice, ce qui n'était pas forcément agréable, elle le reconnaissait aisément. Il fallait donc bien qu'elle fasse passer par un moyen ses regrets, non ? Elle lui laissa cependant le bénéfice du doute. Elle pouvait concevoir que quelqu'un qui s'excusait constamment pouvait un temps soit peu porter sur les nerfs...

En revanche, la suite du discour eu au moins pour avantage de la faire rire. Elle qui le voyait comme quelqu'un de peu bavard, voilà qu'li lui exposait à voix haute tout son cheminement de pensées pour arriver à une déduction qu'Anita trouva tout à fait pertinente.

"Oui, tu fais peur, dit elle en riant. Ne me fais pas croire qu'on ne te l'a jamais dit ! Tu es plutôt marginal, tu sais ..."

Elle se calma rapidement, se rendant compte que d'entendre que l'on fait partie des gens excentriques sur ce ton pouvait être assez mal pris. Surtout que pour l'instant, elle ne connaissait pas encore assez le jeune homme pour prévoir ses réactions. Et avec ce genre de type, on pouvait s'attendre à tout !

C'est donc avec une surprise amoindrie qu'elle écouta sans broncher son flot de paroles plein de sermon et de choses qui étaient hallucinantes, mais qu'il l'étaient encore plus venant d'un adolescent. Le décalage était tel que ça en devenait presque risible. Ou devait elle le voir comme quelque chose de dramatique ? Elle prit le carnet qu'il lui tendait, mécaniquement. Ses yeux vaguement fixés sur les écritures. Qu'est ce qu'il s'était passé pour qu'il devienne aussi amère et névrosé ?

"Alors tu es plus jeune que moi ... Puisque tu as l'air de prendre sérieusement en compte l'âge, laisse ton ainé te donner son propre point de vue et quelques conseils ..."

Ceci était dit du ton le plus ironique dont Anita pouvait faire preuve. Devant l'assurance et le sérieux de Leroy, c'était plus fort qu'elle, elle ne pouvait faire autrement. Faire autant de blabla pour quelque chose qui n'en valait franchement pas la peine lui semblait ridicule. Elle choisit donc d'utiliser l'humour. Autant s'en amuser ...

"Tu as oublié de préciser qu'Anita est d'origine italienne ... Mais ça n'a aucune importance !" Dit elle en agitant évasivement ses bras au dessus d'elle.

Serrant le carnet contre elle, elle commença à faire les cent pas le long du banc, prenant un air faussement inspiré.

"Sache que tu dois respect à tes ainés. Hors, tes propos acerbes sont loin de l'être. Ca, c'est vulgaire ... Quel que soit mon âge, je considère que je n'ai aucun droit spécial sur toi ou sur n'importe qui d'autre. Si toi tu le comprends, moi pas ... Malgré ce que tu sembles croire, j'ai une certaine considération pour les autres..."

Que quelqu'un sous entende qu'elle n'ait pas de respect pour autrui pouvait l'énerver passablement. Même avec toute la bonne volonté et tout l'humour dont elle pouvait faire preuve, ce genre de remarques ne passaient pas.
Anita stoppa sa bougeotte pour la reprendre quelques instants plus tard. Bougoette qu'elle étouffa avec quelques pirouettes. Ca non plus, elle ne pouvait s'en empêcher.

"Ce que tu appelles effronterie, moi j'appelle ça de la curiosité. Dans la plupart des définitions que tu trouveras, ceci est tout d'abord considérer comme une qualité. Je ne pense pas avoir atteint la limite. Tu sais, lorsque ça passe de la simple envie de savoir en toute honnêteté à de l'horrible grossièreté ... Elle lui jeta un coup d'oeil, comme pour voir si il suivait. Tu pouvais soit me répondre franchement, soit m'inventer un bobard. Mentir est, soit dit en passant, très mal poli ... Je t'ai laissé le choix. Tu l'as fait et ta réponse me convient. Pour finir, même si j'aime la franchise, a un certain niveau elle peut être gênante. J'ai jugé que de te demander directement ce qu'était ce carnet serait déplacé. Voilà l'explication de ce moyen dérivé, somme toute peu important, n'est ce pas ? "

Sur ces mots, elle se retourna rapidement vers Leroy, tellement rapidement qu'elle en perdit quelques instants l'équilibre. Elle se reprit bien vite, redevenant droite comme un piquet et se racla légèrement la gorge.

"Et je suis flattée de t'avoir inspiré un personnage ..." Dit elle en le fixant quelque secondes avant d'incliner légèrement la tête, un sourire en coin et de lui tendre le carnet.

De ces très longues minutes, la seule chose que remarqua Leroy fut que la… fille, était tombée dans son mensonge la tête la première. Intégrer un personnage aussi grotesque à son roman. Il n’était pas assez désespéré. Fort heureusement pour lui, il avait réussis à décroché dès le premier « sache que ». Il haïssait ce genre d’expression qui donnait des ordres. Il avait bien sûr capté quelques bribes de phrases, et l’idée globale : elle n’avait pas aimé qu’il soit désagréable avec elle. Ce n’était pas un problème en soi. Disons juste qu’il était heureux de ne pas s’être fait une amie de ce… gabarie. Il crut toute fois bon d’ajouter :

« Je n’ai plus d’aîné depuis bien longtemps. Ni aucune forme de respect envers eux. Mon éducation a été faite par moi-même et ce n’est pas une fille avec ses principes moraux qui me fera changer de point de vue. Je te serais gré de ne pas revenir sur ce que j’ai dit en me demandant inutilement puisque vain, quelles furent les raisons de la perte de mon respect ou pourquoi fus-je obligé de faire seul mon éducation. Evidemment, si tu tentes de répondre que tu n’en avais pas l’intention, je ferais semblant de te croire, par pur respect pour ton ego personnel. »

Sur ce, il se redressa bien droit sur ses deux pieds. Lui au moins, il arrivait à tenir dessus. Il regarda à droite et à gauche avant de resserrer sa serviette, pour qu’aucun accident ne survienne. Il regarda encore une fois la jeune fille, se demandant comment on pouvait éprouver de l’attirance pour le sexe féminin avec ces courbes si… féminine. Il sortit une seconde serviette de son sac, bien pliée et plus rembourrée que celle qu’il portait. Il était là pour prendre un bain, pas pour ce prendre la tête. Si elle était assez stupide et pleine de salive pour répondre à ses piques, lui n’avait pas l’éternelle patience. Parler allait bien cinq minutes, mais avec des gens qui avaient de réelles choses à dire.

Il se souvenait notamment d’une discussion avec un professeur de l’école. C’était en réalité un ancien professeur, récemment décédé et dont l’intelligence avait mérité le respect de son élève. Il n’était pas extracteur d’os mais maître élémentaire. Il avait eu énormément de réflexion sur le pourquoi de ses pouvoirs. Par dépit, sans réponse, il avait décidé de les mettre au service des autres, de les éduquer comme il le pouvait. Il avait révélé à Leroy que sa passion pour sa différence avait toujours été très élevée, même quand il en avait souffert. Ses pouvoirs avaient d’abord été une calamité, il avait tué des gens sans le vouloir. Puis il avait douté de lui-même. Il s’était crut mauvais, avant de se rendre compte que sa seule responsabilité dans cette histoire fut de ne pas avoir été capable de maîtriser ses pouvoirs. Alors il s’était entraîné longuement. A la recherche de réponses qu’il n’avait jamais trouvé, il avait écouté ses élèves lui donner leurs versions. Toutes étaient différentes. Aucune n’avait pour réel sens autrui. Leroy, quant à lui, n’avait pas trouvé une réponse au but, mais il avait trouvé une réponse à « pour qui ». Il était conscient que ses pouvoirs ne serviraient jamais aux autres, car ils étaient purement et simplement inutiles physiquement aux autres personnes. En revanche, ils étaient là pour le servir lui, du moins, c’est ce qu’il pensait à la base. Grâce à ce professeur, il avait réussi à comprendre que ses pouvoirs n’étaient pas là pour le servir, ils étaient lui. Par conséquent, Leroy n’était pas plus ni moins qu’un être sans pouvoir. Il devait ainsi construire sa place dans la société. Mais au fond, que voulait-il ?

Il aurait bien continué sa réflexion sur l’origine des mutants, mais la présence de Anita le mettait… mal à l’aise, pour ne pas dire qu’elle était quasiment insupportable. Il décida donc d’aller enfin se prélasser dans la baignoire, comme il avait prévu de le faire au départ. Il déclara donc d’une voix leste :

« Tu m’excuseras Anita, mais j’avais prévu de prendre un bain. Je vais donc devoir te laisser. Surtout que je ne voudrais pas continuer à t’effrayer avec mon horrible tête. Parce qu’en vérité, personne n’avais jamais eu l’occasion de me dire que je faisais physiquement peur. Je n’ai pas pour habitude de fréquenter les autres. Toutefois, j’ai été ravi de te rencontrer et d’avoir pu te divertir. A bientôt j’espère. »

Autrement dit, il mettait fin à la conversation en allant se doucher, et n’attendait aucune réponse. Quant à dire s’il avait été vexé vis-à-vis de la remarque sur sa capacité à effrayer, lui-même aurait eu du mal à l’affirmer. De toute manière, il n’aimait pas qu’on lui parle, et encore moins de lui. Alors, si son physique gênait, mieux valait se taire et passer son chemin. Cette idiote l’avait tellement énervé qu’il en était tout contracté. Il n’avait qu’une envie, retourner s’entraîner, mais son heure était passée. Il devait vraiment s’arrêter.

Leroy regarda le bain qu’il avait fait couler sans s’en apercevoir. Il perdait la notion du temps quand il était énervé. Il toucha l’eau. Brûlante. Il en vida un peu, rajouta de l’eau froide pour la rendre à température supportable et plongea sa masse corporelle dans le liquide transparent. Il ferma les yeux et se laissa bercer par les doux bruits que l’eau murmurait à ses oreilles émergées. Ses paupières se fermèrent, son esprit trop bercé s’envola. Si quelqu’un était passé par là, il n’aurait vu, de loin, qu’un bain vide avec… une serviette tombée par terre, laissée là, comme un vieux linge… Qui disait « maniaque » ?

(HS : désolé pour la vigueur de mes mots, c'est juste que mon personnage est détestable XD)

[HS: T'en fais pas, la fille derrière l'écran ne le prend pas mal ! ^^]

A la réponse de Leroy, Anita ne put s'empêcher de lever un sourcil perplexe. Il venait de lui reprocher son manque de respect à son égard, mais il affirmait ne pas en avoir pour elle. Étrange paradoxe ... Encore plus étrange le fait de s'éduquer seul. Cette notion paraissait à la jeune femme complètement surréaliste. Le savoir pur pouvait encore s'envisager, voir le savoir faire. Mais ça ne suffisait pas pour être quelqu'un d'équilibrer. Cette idée la fit sourire. Elle était bête ! Le jeune homme qu'elle avait en face d'elle

"Si tu n'as aucun respect pour moi, ne te formalise pas si je n'en ai pas non plus avec toi ... Je te remercie de t'inquiéter pour mon ego. Charmante attention ... n'était justement pas équilibré.
Dit elle une fois de plus de façon ironique. Mais la seule question qui me vient à l'esprit est, es-tu sur de ne pas être passé à côté de quelque chose dans ta pseudo auto-éducation ?"

La moral par exemple, qui n'était à priori pas acquise. Le fait de se montrer sociable et un temps soit peu chaleureux. Savoir ce que le mot sociable voulait dire. Et peut être même expérimenter le concept. Cette attitude pouvait passer pour un adulte. Et encore. Mais pour un adolescent ... Non, a vrai dire, il n'était pas simplement rigide, il était tout bonnement psychorigide ! Il était glaciale et méfiant. Il avait sans nul doute quelques problèmes de communication. Ne semblait pas remettre en question ses propres valeurs et il y avait chez lui un parfait manque de frivolité. Oui, c'était totalement ça. Il était psychorigide.

Même si elle ne s'y était pas intéressée au moment voulu, Anita s'était plongée dans divers bouquins de psychologies pour en savoir un peu plus sur les dépressions, maladie dont avait été atteinte sa mère. Elle en avait vu des pathologies. Leurs symptômes, leurs dérivés, le pourquoi du comment ... mais elle n'avait pas la moindre idée de ce qu'il fallait faire face à un personnalité telle que Leroy. Faire du rentre dedans n'était certainement pas la bonne solution. Privilégier le dialogue ? Par Jupiter, ce que ça allait être dur ! Et ça ne serait certainement pas cette fois là qu'elle se montrera patiente. De toute façon, il fuyait déjà, prétextant un bain qui l'attendait et lui renvoyant dans les dents cette histoire de physique effrayant. Elle s'en était doutée que ça ne passerait pas !

Lorsqu'il lui avoua qu'il n'aimait visiblement pas la présence des autres, qu'elle lança un "Ah ?" sarcastique et sans surprise. Alors non seulement il faisait son éducation seul, mais en plus il limitait au maximum ses contactes avec les humains. Les éléments étaient réunis pour faire de lui une chose insensibilité et hautaine. Il n'était pas heureux. Elle non plus elle n'était pas heureuse. Mais elle faisait tout pour être la moins malheureuse possible en s'accrochant aux gens, aux petites choses de la vie qui lui font dire que finalement, ce n'est pas si mal. Mais lui, qu'est ce qui l'empêchait de sombrer ? Anita le plaignait.

"Oh, ne t'en fais pas. Tu n'as pas une horrible tête ! Dit elle en riant à moitié. Ce n'est pas ton physique qui est effrayant. C'est juste ton aura, ce que tu dégages ..."

Elle ramassa ses affaires, coinçant sa trousse de toilette sous le bras, elle préparait déjà son Mp3. Mettant une oreillette, elle hésita à mettre la seconde. Dans une ultime pirouette, elle lança à la canonnade a Leroy qui se dirigea déjà vers sa précieuse baignoire.

"Maise essaye de sourire, tu verras, ça fait pas mal et ça attire plein de bénéfices !"

Sur ce, elle mit enfin sa deuxième oreillette et sortie de la salle de bain sur la pointe des pieds.